Heureuse la société qui honore ses anciens
Je lisais l’autre jour en « une » d’un quotidien : « Dans une société en proie au vieillissement, parviendra-t-on encore longtemps à payer les retraites et à financer la sécurité sociale ? »
Les vieux seraient-ils devenus un fléau pour notre société ? On serait tenté de répondre par l’affirmative quand on est obligé de faire la queue à la pharmacie pendant vingt minutes parce que chaque assistant est accaparé par un retraité ravi de s’entretenir avec quelqu’un qui a le temps et la patience de l’écouter.
Notre monde est devenu peu accueillant envers les personnes qui portent des cheveux blancs, un appareil auditif ou une canne ou les trois ! La vieillesse est parfois perçue comme une menace, tant individuelle que collective.
Rien de drôle
Autour de la quarantaine, on plaisante volontiers au sujet de ses pertes de mémoire ou des lunettes qu’on s’est mis à porter en disant : « C’est la vieillesse ».
Mais il n’y a rien de drôle dans la façon dont notre société traite les personnes âgées. Certains vont jusqu’à en parler comme d’une catastrophe, d’un problème démographique majeur, d’une menace pour l’économie et les soins de santé. Ce sont ceux qui sont jeunes et beaux qui sont adulés. Le monde du travail promet monts et merveilles aux derniers « poussins » émoulus des grandes écoles. Du coup les vieux, riches en expérience mais dont les facultés baissent, se trouvent mis à l’écart.
Ils ont tant à offrir
Cette attitude me chagrine. Nos aînés ont tellement de richesses à offrir, aussi bien à nous qu’à nos enfants. Rien ne vaut la complicité entre une grand-mère et sa petite-fille travaillant à un projet commun , les regards qu’elles échangent, leurs rires spontanés. Chacun y met du sien et sort de l’expérience enrichi.
Heureuse, la société qui honore ses personnes âgées ! La Bible donne des directives à leur sujet : « Tu te lèveras devant les cheveux blancs et tu auras du respect pour le vieillard ». Honorons ces enfants du roi qui cheminent depuis plus longtemps avec lui. Nous récolterons ainsi des bénédictions cachées car les anciens possèdent l’une des choses les plus rares et les précieuses : du temps. Libérés des contraintes professionnelles, ils peuvent s’adonner à d’autres activités parfois plus gratifiantes. Combien je bénis mes beaux-parents, qui prient pour nous tous les matins, même quand nous avons du mal à le faire !
Le conseil d’une dame de 93 ans
Une de mes amies âgées m’a confié son attitude : nous ne devrions jamais cesser d’apprendre, jamais nous arrêter de nous intéresser à nos voisins, peu importe ce qui nous arrive. Ses paroles m’ont interpellée, d’autant qu’elles venaient d’une dame de 93 ans. Différentes expériences ont entravé sa course ces dernières années : le décès de son mari, une brouille avec son fils, des problèmes de cœur, une perte d’ouïe, des opérations pour remplacer ses deux hanches ; « mais les artificielles sont beaucoup plus solides que les originales ! »
Nous pouvons beaucoup apprendre de ceux et celles qui sont devant nous sur le chemin de la vie. C’est un chemin que nous emprunterons tous un jours. Et lequel d’entre nous a envie de cheminer tout seul ? Un grand homme a dit : « Jusqu’où vous irez dans la vie, cela dépend de votre tendresse envers les petits, la compassion que vous témoignez aux personnes âgées, votre soutien à ceux qui peinent et votre tolérance envers les forts et les faibles. Car, à un moment de votre vie, vous aurez fait partie de chacune de ces catégories de personnes ».
Geneviève Radloff, Concepts femme, mai 2007,
dans « REALITES DE LA FOI-DIGEST », n° 108/2007